Tant d'espace entre nos baisers, c'est ce titre faussement « romantique » qu'a choisi Joël Dragutin pour nommer cette tragi-comédie acide, dans laquelle il dépeint avec humour dans une novlangue contaminée par les prêts à penser et les prêts à aimer de toutes sortes, la « folie ordinaire » de notre époque.
Huit personnages immergés dans le vide euphorique de leur existence vont, viennent, se croisent, s'aiment, saoulés de mots, de musique, de rires peut-être pour dissimuler la vacuité qui les habite.
Ces « homos festivus » issus de la société du spectacle nous apparaissent comme dépossédés d'eux-mêmes, s'ils nous amusent ils parviennent néanmoins à nous émouvoir, peut-être parce que nous reconnaissons dans ces figures familières, nos propres angoisses existentielles, un peu de nos illusions perdues et finalement beaucoup de nous-mêmes.